Vivre sans voiture

Rêve ou Cauchemar

Être mobile est vital. Nos ancêtres lointains étaient nomades, ils se déplaçaient pour trouver leur nourriture et pour fuir leurs prédateurs. Puis ils sont devenus sédentaires avec l’agriculture. Mais cela ne veut pas dire qu’ils ne se déplaçaient plus. Les échanges nécessitaient aussi de la mobilité.

Pontevedra ville sans voiture

Bref la mobilité est vitale. A l’ère industrielle nous avons trouvé des moyens de locomotions plus efficaces que la marche à pied et le cheval : c’est ainsi que sont apparus les trains puis la voiture. Les trains pour les ouvriers, les voitures pour la bourgeoisie. Puis la voiture s’est démocratisée. Ford voulu que les/ses ouvriers puissent acheter « ses » voitures. En fait, il voulait surtout booster ses ventes. Du coup, les voitures ont envahi les villes, les banlieues, les routes goudronnées se sont sont multipliées, élargies. Les rues des villes sont passées de 3 à 20 mètres de large. Le piétons est devenu l’intrus. Les villes se sont agrandies en surface et en population. La campagne s’est retirée à la campagne, car les camions pouvait désormais livrer la ville chaque jour en venant de plus en plus loin. De plus en plus, car ils roulaient de plus en plus et de plus en plus vite. Alors, on a fait des voies rapides, des voies larges des, osons le mot, des autoroutes. Mais voila, cela coince, cela tue et cela pollue partout. Et plus on élargi les routes plus cela coince et plus cela tue. Les progrès techniques font que, moins les véhicules consomment puis ils polluent, simplement parce qu’ils roulent beaucoup et plus vite. Sauf que, voulant tous rouler aux même heures, ils bouchonnent, font du sur place tout en polluant quand même. Les villes anciennes, ces quartiers que l’on recherche, notamment lorsque l’on est touriste, étaient conçues pour circuler à pied, les grandes voies permettaient de passer avec des charrettes. Aujourd’hui, dans les grandes villes la circulation des voitures occupe la moitié de l’espace urbain. Plus stupide encore, une bonne partie de cet espace est occupé par des voitures à l’arrêt car ces voitures privées sont inutiles 90 à 95 % de leurs existence.

Ce gâchis est totalement consternant par l’ampleur de la destruction de notre environnement qu’il cause. Par la destruction de la qualité de vie des citadins, par les nombreux morts et blessé graves que ces voitures causent. Et, plus grave encore, par l’atteinte inacceptable à l’intégrité physique des générations à venir. Je dis intégrité physique car, en effet, les dégradations écologiques dues au changement climatique et l’effondrement de la vie (généralement nommée – à tort – réduction de la biodiversité alors qu’il faudrait parler de la sixième extinction du vivant) sont véritablement une atteinte à l’espérance de vie de nos descendants.

Le constat étant clair et sans appel, il reste à trouver la voie qui rende la ville sans voiture désirable par la grande majorité des citoyens. C’est possible et nous en avons au moins une preuve avec la ville de Pontevedra, une ville espagnole de 83 000 habitants qui fait désormais référence.

La question essentielle est celle de la mobilité dans la ville. La mobilité des secours, des personnes et des marchandises. Dans un espace à haute densité, il n’y a pas de doute que les transports en commun sont les plus efficaces. Ils le sont d’autant plus qu’ils ne sont pas entravés par la circulation des voitures. Mais ils sont souvent très mal aimés. Les raisons en sont multiples. En premier, ils gênent les voitures privées ! En second, ils ne sont pas assez fréquents et nombreux. On n’a pas peur des contradictions, ils paraissent chers. En effet, l’automobiliste compte comme coût de son kilomètre le prix du carburant. Grossière erreur qui est due au fait que les autres charges se payent en un autre temps et qu’elles sont inévitables dès le moment où l’on à fait le choix de la voiture personnelle. Un habitant de Pontevedra vous dira lui qu’il économise 500 Euro par mois en ayant supprimé la voiture. Le TCS vous le démontrera aussi. Il suffit de vouloir savoir. Selon eux, une voiture de 15.000 à 20.000 CHF coûte 40-50 cts du km si l’on fait 20000 km/an. Cela donne 6750 CHF par an ou 562 CHF par mois ! Bon, en Suisse, c’est toujours plus cher.

Mais sachant que l’on ne peut faire boire un âne qui n’a pas soif, la seule voie possible est la gratuité des transports publics. La gratuité des TP est socialement très redistributive. Ce qui est perçu par les uns comme une hérésie et pour les autres comme un acte de justice sociale. En d’autre terme cela signifie que le coût des transports publics est payé par les impôts directs ou indirects. Donc une augmentation des dits impôts. C’est à voir de plus près.

En premier, une bonne partie des transports publics (TP) sont déjà pris en charge par les collectivités publiques. A titre d’exemple, en Suisse, dans le canton de Neuchâtel, le canton paye déjà 60 % des coûts. Reste à trouver 40 % ce qui peut se faire par la suppression des niches fiscales qui permettent de défalquer des transports individuels pour raison professionnel. Ensuite de considérer la réduction non négligeable des coûts liés à la perception des titres de transports, la réduction considérable des coûts de l’entretiens des routes, puis, la réductions des coûts de la santé suites à la diminution de la pollution (61 % à Pontevedra). Etc …

De l’autre côté on peut renchérir les coûts de l’usage de la voiture privée en ville. Certaines grandes ville le font déjà, notamment Londres. On peut rendre le stationnement difficile ou très cher. Cette dernière solution permettant d’amener des fond pour l’aménagement de la transition. Mieux, difficile et cher par des automates de payement éloignés …

Mais passons maintenant aux aspects positifs. Que peut-on faire dans une ville sans voitures. En premier, et ce n’est pas peu, y vivre. Y vivre dans le calme, moins stressé laisser les enfants jouer ou se déplacer seul et sans danger. Respirer un air non pollué.

La ville se reconfigure, se végétalise1 les espaces libérés par les voitures sont investis par toutes sortes d’activités, jeux, terrasses, bancs publics, expositions, etc …

Se déplacer devient plus facile. En effet, dans la ville sans voiture on a plusieurs solutions. Celles-ci dépendent de choix personnels et, parfois de la météo. Il y a la marche pour les courtes distances, le vélo pour aller plus loin et les transports publics gratuits. Pas besoin de créer des pistes cyclables puisse qu’il n’y plus de voiture. Tout au plus faut-il garder quelques bandes de circulation anciennement réservée au voiture en parallèle au voie principales des TP. Ailleurs les vélos peuvent coexister avec les piétons avec un peu de savoir vivre quitte à devoir le contraindre.

A la grande question : comment peut on faire ses achats sans voiture ? Nous avons pris l’habitude de faire nos achats, notamment alimentaire, dans ce que l’on appel des « super-hyper-marché ». Ceux-ci sont la plus part du temps hors ville, avec d’immenses parkings. On y rempli son « caddie » d’une montagne d’objets dont la seule chose que l’on connaisse est le prix que l’on a déboursé pour l’obtenir. Pour l’un ou autre il est aussi parfois possible d’en connaître l’origine. Pour le reste, nada, car pour lire les étiquettes sur les lieux cela tient de l’exploit. Bref achat et voiture sont aujourd’hui liés. Cela induit que chaque famille fait chaque semaine des kilomètres en voiture pour mal acheter dans des conditions immondes, sans contact social.

La ville sans voiture implique l’idée de proximité et de lien social. Les produits courants et nécessaires doivent être accessibles à pied, ou à la maison par vélo cargo par marchands mobiles. Elle doit mettre en place un ensemble de solutions en fonction de la topologie et des possibilités locales.

Complémentairement, si l’on pense commerce de proximité, il faut penser à l’approvisionnement de ceux-ci. Et bien entendu, il ne faudrait pas que la ville sans voiture se transforme en paradis pour camion ! Dans les zones piétonnes, il est d’usage d’autoriser les livraisons jusqu’à 10 heure du matin. Si l’on imagine un multiplication des villes sans voitures, il apparaît que cette limitation serait difficile à tenir. Les camions devraient réaliser toutes leurs tournées entre 6 et 10 heure. Il faut donc trouver des combinaisons de solutions, train, camion, vélo-cargo, etc …

Les pousse-pousse ou tricycle pour les personnes à mobilité réduite. Vous pouvez trouver à ce sujet un développement dans : https://silberstein.abstraction.ch/revons_pietons.html

Si la voiture devient nuisance en ville pourquoi serait-elle nécessaire hors ville ? Imaginons les TIP (Transports Individuels Publics) en complément des TCP (Transport Collectif Public). L’idée principale du TIP est prendre le relais des TCP là ou la densité de population n’est plus compatible avec un service régulier de TCP. Les TIP travaillent sur appel entre un ou quelques clients et point relais approprié des TCP. Exceptionnellement le TIP peut aussi fonctionner entre deux points isolés hors d’un domaine de TCP. Pour en savoir plus sur les TIC voyez le document : https://silberstein.abstraction.ch/site/tip.html

Autre aspect de la ville sans voiture. Lieu de rencontre, lieu de débats. Lieu plus végétalisé, retour au contact de la nature et soucis de la préservation de celle-ci. Il fut un temps ou les petites bourgades laissaient couler les excréments humain au milieu des rues. Cela fut jugé insupportable car mal odorant et trop attractif pour les rats. Rats qui furent les vecteurs de la peste. Donc, on décida, non pas de traiter le problème, mais de le déplacer extra-muros. Le tout-à-l’égout est né ainsi. En mélangeant toutes les eaux et excréments humains on a détruit la capacité de compostage de ces derniers. En effet, ceux-ci additionnés d’une quantité appropriée de carbone (sciure de bois, feuilles mortes, etc …) composte et donne au final un engrais azoté. Selon l’université de Mons, dont on peut trouver un extrait des travaux sur le traitement des eaux dites « usées » sur le site : Eautarcie, la quantité d’engrais ainsi produite devrait pouvoir suffire au besoin agricole. Il serait donc possible de transformer une pollution en un cycle naturel durable !i Serait-il possible que la ville sans voiture permette une telle révolution.

Ce n’est pas acquis d’avance. Car qui pourrait demander un tel efforts notamment financier pour changer un système qui en apparence marche. Ce n’est sûrement pas les élus politiques qui pensent en premier à leur réélection et qui ont toujours la hantise de déplaire. Certes, ne pas faire ce que l’on à promis car cela déplairait à leur sponsor c’est une chose. Il faut bien renvoyer l’ascenseur. Mais déplaire gratuitement à la population et peut être en même temps au lobbies économiques (les sponsors!) ce n’est pas pensable.

Il ne reste que l’Agora ! Autrement dit la réputation de l’état bourgeois, issue de la révolution Française qui a voulu ce système de pseudo démocratie qui donne la parole au peuple 1 jour tous les 4-5 ans puis de la confisquer le reste du temps. La ville piétonne serait-elle un aiguillon pour retrouver l’Agora, la démocratie directe ? Bien, il y a du travail, mais cela pourrait être de la bel ouvrage.

Reprenons de la hauteur, soit entre 800 et 1100 mètres. Le haut du canton est organisé entre deux villes : La-Chaux-de-Fond et Le Locle. Ces deux villes sont, toutes deux, étirées en long au fond de cuvettes. Il y a un axe principal incluant le Pod et la voie, partiellement double, principale du Locle. La structure des TP de La Chaux-de-Fond est en étoile centrée sur la gare. Et ce, malgré la topographie en ligne. Tradition Suisse oblige sans doute. Or, pour aller d’un point A à un point B, suffisamment éloignés l’un de l’autre, il est généralement plus simple d’aller au plus court vers l’axe principal, puis de prendre la bonne direction pour la quitter au point le plus court pour rejoindre le point B. dans une telle topographie, l’axe principal doit être rapide, bien cadencé et de bonne capacité. De toute évidence, il devrait être basé sur un tram pour la capacité et le minimum de pollution. Des boucles secondaires permettent d’irriguer les quartiers de part et d’autre. (Les TIP font le reste). Ce tram doit être très fréquent, car il assure la correspondance avec toutes les boucles et il ne peut en attendre aucune. Une fréquence de 1 dans chaque sens toutes les 5 minutes donne un temps moyen d’attente de correspondance de 2.5 minutes en provenance d’une boucle. Ce devrait être acceptable. Les boucles seraient, parcourues par des trolleybus débrayablesii . Ces trolleybus ont des caténaires comme tous les trolleybus connus mais en plus, ils ont des batteries qui leur permettent de parcourir des parties de trajets sans alimentation du réseau électrique. Cela permet une infrastructure beaucoup moins coûteuse et rapidement installée seulement dans les lignes droites par exemple.

Imaginez un haut, convivial, sans trafic, sans bouchons et une économie mensuel de 500 CHF à utiliser plus utilement pour la famille !

1Voir l’architecte Vincent Calbaut 

iBase: Université de Mons, professeur Joseph Országh https://eautarcie.wordpress.com/ https://minedart.fr/blog/assainissement-ecologique-selon-eautarcie

iiVocable utilisé pour la description d’un système de trolleybus mis en place en ville de Zuerich.

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